
Nous sommes arrivés dans la vallée de Valbona après un voyage sur les nerfs. Nous sommes tout de suite détendus par la nature enchanteresque. Nous sommes à l’hôtel Rilindja créé par Katherine, une albano américaine qui tient aussi un site d’information très pratique. Ce site lui permet d’attirer la majorité des touristes et son hôtel, l’un des premiers de la vallée, est très agréable. Il s’agit d’une maison traditionnelle, celle de ses grands-parents. Il n’y a que 4 chambres sous les toits. Par contre le restaurant est assez animé et rassemble la majorité des touristes de la vallée.
Nous suivons un panneau qui indique la présence d’un lac à quelques centaines de mètres. Il faut déceler les signes rouges sur les troncs et les pierres. Nous nous perdons un peu mais le chemin le long de la rivière est joli. Déception quand nous arrivons au lac qui est plutôt un étang infesté par les moustiques. Nous partons sur la route principale goudronnée pour retrouver la rivière pour nous baigner. Un serpent plus tard, nous finissons pas trouver une crique de cailloux où nous nous essayons à la baignade. Elle se limitera à celle des pieds car l’eau est froide. nous nous demandons comment les gens du coin arrivent à se baigner entièrement.
Le repas se déroule au restaurant de l’hôtel où nous retrouvons les autres touristes qui ont partagé notre voyage sur le lac Koman. Le lendemain matin nous partons avec eux dans un petit van qui nous amène au départ du sentier que nous suivons pour passer un col et atteindre le village de Theth.
A l’hôtel nous n’avons pas rencontrer la fameuse Katherine. C’est son mari qui nous a accueilli et que nous n’avons pas trouvé très agréable. Pour une raison inconnue nous n’avons pas eu la chambre que nous avions réservée et n’avons reçu aucune once d’excuse pour cette erreur. De même nous avions réservé un pique nique pour notre randonnée et il semble qu’ils aient oublié de nous le préparer. Nous nous sommes presque fait gronder par le mari de Katherine qui a finalement préféré reporter sa mauvaise humeur sur l’un de ses employés en lui enjoignant de se dépêcher de préparer nos pique nique , le mini van nous attendant pour partir. A noter que ce transport organisé par l’hôtel coûtait 8 euros par personne (nous étions 9 à l’intérieur du van) pour un trajet d’une quinzaine de minutes ! un peu cher mais nécessaire car de l’hôtel il fallait traverser une coulée de pierres qu’il aurait été laborieux de traverser, surtout avant d’entamer la randonnée.
Certains touristes sont accompagnés de guides et de chevaux qui portent leur bagage. Nous avons préféré laissé une partie de nos affaires à l’hôtel à Shköder et portons sur le dos des sacs à moitié plein. L’ascension sera douloureuse. Il s’agit d’une rude montée où nous gravissons les dénivelés en quelques heures. Heureusement que nous sommes partis tôt car le soleil nous assomme déjà. Nous dépassons un petit village pittoresque de bergers, perdu au bout de la vallée. Deux heures plus tard tombons sur un petit… bar ! Un Italien gay sort de nulle part et nous accueille gentiment. Quelle vie cela doit être de vivre seul au milieu de la montagne, la longue journée parfois coupée par l’arrivée de touristes. Nous remplissons notre bouteille avec la source d’eau fraîche et buvons un soda qui nous requinque pour la suite. L’Italien nous assure que nous avons fait le plus dur.
Ce qui nous attend n’est pourtant pas une balade de santé. Mais le paysage nous régale. Nous passons pas d’autres coulées de pierre blanche qui ressemble de loin à de la neige. Nous croisons des guides accompagnés de chevaux. Ils font l’aller retour de Theth pour ramener les chevaux qui seront utilisés par les touristes pour la randonnée qui se fait souvent unilatéralement, de Valbona à Theth. De fait, à part ces guides, nous ne croiserons qu’une famille qui suit le sentier dans la direction inverse. La rencontre avec les chevaux au bord du précipice est parfois un peu périlleuse.
Qu’importe nous arrivons au col et découvrons l’autre versant avec un immense bonheur. Nous restons quelques minutes à savourer le moment et le paysage avant d’entamer la longue descente. Il faut préciser que nous ne sommes pas très bien équipés, seulement chaussés de tennis. Ce que nous regretterons sur plusieurs tronçons du sentiers pierreux et glissants. Nous traversons des forêts profondes, des prairies fleuries et une rivière fraîche où nous reposons nos pieds. Autre agréable halte dans un café lui aussi sorti au milieu de nulle part. Une femme et sa fille nous servent à boire et on achète une espèce de crêpe fourrée au fromage qui nous tiendra au ventre plusieurs heures durant. Derrière le café elles font sécher des sacs en plastiques ! J’en demande la raison à la petite fille qui parle un peu anglais mais elle ne me comprends pas. Une énigme libanaise de plus.
La fin de la balade est difficile. les signes rouges qui indiquent le chemin sont de moins en moins fréquents, nous faisant douter que nous sommes sur la bonne route. Ici et là quelques maisons au milieu des coulées de roches blanches sur lesquelles ils est bien laborieux de se déplacer. Par je ne sais quel miracle nous arrivons à notre hôtel.
La villa Gjecaj est une très belle maison familiale du 19ème siècle qui a été rénovée pour accueillir les touristes. Une nouvelle maison très confortable a été construite dans le même style à quelques mètres. C’est là que nous recouvrerons nos forces après cette marche harassante mais superbe. Nous avons mis 5 heures mais nous avons un peu forcé et il faut raisonnablement compter 6 heures de marche pour aller de Valbonä à Theth.
La famille albanaise qui nous accueille est composée des grands parents, des deux fils et de leurs femmes et de leurs 3 petits garçons. Les femmes se démènent entre les enfants, le ménage, les lits à faire, la cuisine… quand les hommes sont assis à l’ombre et boivent leur bière. C’est un peu caricatural mais vrai !
De ce fait nous attendons plusieurs heures pour que la chambre soit prête. Nous attendons assis sur la terrasse et observons le paysage magnifique. Un grand groupe de Russes arrive et s’attable. Quelques uns des touristes que nous avions vu à Valbonä arrivent aussi et passeront la nuit à l’hôtel. Le repas du soir et le petit déjeuner sont compris dans le tarif de la chambre. Ils sont copieux et simples.
Nous devons rentrer le lendemain tôt à Shköder pour louer une voiture et descendre au sud du pays. Nous avons hésité à rester la nuit à Theth car le seul transport public part quotidiennement vers 13h-14h. Nous en avons parlé avec la femme qui gère l’hôtel et elle s’est assurée que quelqu’un du village nous emmène le lendemain matin à 9h au tarif de 10 euros par personne.
Or le lendemain matin 9h, rien ! La femme appelle l’homme qui devait nous conduire. Il lui dit qu’il annule tout simplement, parce qu’il n’a pas trouvé d’autres touristes à transporter… heureusement la famme et sa belle mère se démène et nous trouve un véhicule. Un 4×4 qui a l’air confortable et équipé pour affronter la route non goudronnée qui serpente dans la montagne. Nous nous dirigeons vers les sièges arrières mais le pilote nous redirige vers le coffre car deux autres touristes vont nous rejoindre quelques kilomètres plus loin.
Assis sur les sièges d’appoint nous sommes ballottés d’un coté à un autre au gré des coups de volant, faisant fasse l’un après l’autre aux gouffres montagneux et aux parois rocheuses. Sensations garanties !