
Photo de Une : © ioannis a. kaminaras
Découverte de théâtres athéniens
Grâce aux amis grecs de mes amis français j’ai eu l’occasion de découvrir deux théâtres et deux pièces créés par de jeunes Grecs pleins d’inventivité.
C’est d’abord Erifili qui m’a invitée à découvrir Odyssée, une pièce dans laquelle elle jouait elle-même. Situé dans le quartier de Gazi le théâtre OLVIO comporte aussi un bar à la jolie décoration et un petit jardin où les gens se prélassent en attendant le spectacle. C’est l’un des théâtres les plus chaleureux où j’ai vu un spectacle. Les acteurs sont un collectif nommé Patari project et ont participé à la création de cette pièce qui met en avant le théâtre d’expression. Tant mieux pour moi car même s’il y a des dialogues (en grec) le message passe surtout par le corps et les mouvements des acteurs ce qui m’a permis de suivre l’histoire malgré mon incompréhension de la langue.
Photo : Patari Project
Les 5 protagonistes sont juchés sur un podium de 2 mètres carrés et racontent les aventures d’Ulysse. A travers des mimes, des sons et un brin de gym les acteurs progressent sur la mer et sur les terres qu’ils explorent. Les rameurs luttent contre les tempêtes dont on entend le souffle. Ulysse tente de toutes ses forces de résister aux chants des sirènes. Les dieux juchés sur des épaules se complaisent des scènes de bataille. Je suis impressionnée par l’inventivité des acteurs, leur capacité à se transformer en monstre ou en oiseau, leur création d’un univers fantastique dans lequel le spectateur plonge littéralement. Les 5 acteurs sont resté sur leur podium tout au long du spectacle et pourtant on a l’impression d’avoir effectué un long périple en compagnie de dizaines de personnages. Ce soir là c’était la dernière de odyssée, mais la compagnie part en tournée en Grèce et qui sait, peut être à l’étranger dans ses prochains mois ?
Théâtre OLVIO
Falesias 7, 11855 Athènes
Patari Project : Page Facebook
Ma deuxième soirée théâtrale se déroulait à Bangladesh, un espace auto géré dans le quartier défavorisé du centre, au nord de la station Omnia. Bengladesh parce que le local en sous-sol servait de lieu de rencontre à la communauté bengali d’Athènes. On y trouve encore des affiches et des éléments de décoration laissés par ces anciens locataires. Il s’agit de l’un des théâtres les plus récents et originaux de la capitale. Les trois créateurs de ce théâtre alternatif ont décidé de les conserver et de baptiser leur espace Bengladesh. L’expérience débute devant une porte ouverte, anonyme sur un grand boulevard, d’où jaillit une lumière verte. On descend les escaliers en se tenant au mur blanc et froid. On est accueilli par un beau buffet en bois sur lequel sont disposés boissons et biscuits. Pas de caisse. Enfin si, c’est un carton où l’on peut laisser ce que l’on veut à la fin du spectacle.
Des tapis au sol, des coussins, 4 rangées de chaises, un panier de basket, une petite terrasse en céramique aux couleurs du Bengladesh, un renfoncement invisible aux yeux des spectateurs – ce sont les coulisses. Serge Gainsbourg chante ses vieux tubes dans la pièce qui se remplit vite. Toutes les chaises sont occupées mais le flot de spectateurs ne cesse de couler. Il faut trouver des chaises de fortune et finalement les retardataires se contentent des tapis au sol. Comme lors de la représentation d’odyssée je suis étonnée par le nombre de spectateurs. les Grecs ne laissent certainement pas la crise attaquer leur besoin de culture et de divertissement. Le public a tous les âges et chacun semble se connaître. Les discussions se créent en petit groupe à travers la salle. Puis le spectacle commence.
Photo: © ioannis a. kaminaras
Un grand type maigre habillé en basketteur dribble et tente des paniers qu’il réussit à tous les coups jusqu’à ce que la machine s’enraye. Des personnages apparaissent, des chaises emprisonnent, des armes fluo sèment la panique, les politiciens sont de pacotille, les êtres s’embrassent et s’aiment, le basketteur ondule sur une table qui s’embrase et s’entrechoque, un travesti triste s’empare du micro, on marche les pieds attachés à des tabourets… C’est un feu d’artifice d’idées, de créativités, d’émotions, d’histoires… Je n’ai évidemment rien saisi aux quelques textes mais la plus grande partie des messages était transmis à travers les performances réalisées par les artistes… et plusieurs chansons en français !
Bengladesh, Chalkokondyli 35 , Athènes
Page Facebook
Avis donc aux amateurs de théâtre, ne vous laissez pas effrayer par la barrière de la langue et goûtez à l’incroyable créativité du jeune théâtre grec.