
A Bucarest la grisaille nous attend de pied ferme. Nous décidons de débuter avec le musée juif situé dans une magnifique synagogue, l’une des rares qui aient survécu aux tourmentes de l’histoire.
On y raconte jugement l’histoire des Juifs roumains, leur contribution à la culture roumaine et le terrible holocauste qui a causé la quasi disparition de la communautés juive en Roumanie, notamment à Bucarest. De 800 000 personnes avant la guerre on n’en compte aujourd’hui plus que 6000.
Nous marchons à travers Bucarest, jetant un oeil à l’intérieur d’un chantier, admirant les vieilles façades décrépies mais toujours fières, cherchant les graffitis…
Vient le moment de la visite du Palais du Parlement, appelé avant 1989 le Palais du Peuple. L’ancien dictateur communiste Ceausescu fit construire en 1984 cet édifice de pierre qui mesure 270 mètres sur 240 mètres et a une hauteur de 80 mètres, le plus grand bâtiment administratif du monde après le Pentagone. De fait on ne peut pas le manquer, il surgit tel un monstre endormi au milieu d’une allée arborée. Un monstre qui a nécessité la destruction d’un cinquième du centre historique de Bucarest, le relogement de millier de personnes dans des logements de fortune, une armée de 20 000 ouvriers, une équipe de 700 architectes, le pillage des richesses naturelles du pays et même l’épuisement de certaines. Aujourd’hui le palais qui a couté près de 40 % du PNB du pays n’est toujours pas terminé et constitue un gouffre financier du fait des frais d’entretien des 1100 pièces réparties sur 12 étages.
Je vous déconseille d’en faire le tour, ça risque de vous prendre une éternité et ce n’est pas forcément nécessaire, les façades étant quasiment identiques. C’est toutefois ce que nous fîmes car nous ne trouvions pas l’entrée des visiteurs. Pour information, elle se trouve sur l’aile droite quand vous êtes sur la place de la constitution. Après être entrés sur un parking surveillé de près par des gardes nous trouvons enfin l’entrée pour les visites guidées de 2 heures qui permettent de découvrir une (infime) partie du bâtiment. Malheureusement il n y a plus de visite en anglais pour ce jour là. Nous nous consolons en allant visiter le musée national d’art contemporain situé à coté et accessible gratuitement.
Nous poursuivons notre balade à travers le parc Izvor puis dans le joli jardin Cismigiu. Nous traversons le centre historique et rencontrons par hasard l’un des pensionnaires de notre auberge de jeunesse. A. est un jeune Français qui a voyagé en Roumanie et en Bulgarie plusieurs mois et qui semble être tombé amoureux de Bucarest. Il nous emmène dans l’un des rares squats d’artistes de la ville, le Carol53. Il faut connaître les locataires pour y entrer, mais un autre moyen de découvrir ce lieu est de participer aux événements régulièrement organisés. Nous pouvons entrer en cette soirée plutôt calme grâce à A. Il y a seulement quelques personnes ce soir là dont un jeune Roumain qui se débrouille plutôt bien en français. Il nous explique le fonctionnement du squat et nous fait une petite visite guidée à travers le salon, l’atelier où l’on répare les vélos et les salles où sont organisées les soirées. Le Carol53 est une villa qui tombe en ruine, semblable à tant d’autres dans le centre ville de Bucarest. Les squatters ont obtenu l’autorisation du propriétaire pour occuper la maison. En échange, ils la remettent en état… le travail ne manque pas. Il semble que le carol53 soit l’un des rares squats autorisés de la ville, la plupart des propriétaires refusant de laisser gratuitement des jeunes occuper leur villa contre du travail de réparation. Nous remercions A. pour cette petite plongée dans le monde alternatif de Bucarest. Nous retournons dans notre agréable auberge de jeunesse pour nous préparer à une longue soirée de fête…